Douleur, âge limite pour donner le sein à son enfant ou encore, incapacité à produire suffisamment de lait… Découvrez cinq mythes autour de l’allaitement qui ont la vie dure et subsistent encore aujourd’hui.
1. Certaines femmes sont incapables de produire assez de lait pour leur bébé
Cette idée reçue, très ancrée dans la tête des gens, fait le plus souvent référence aux femmes qui sont pourvues de petites poitrines. Or, la taille des mamelons n’a aucun rapport avec la capacité ou non à produire du lait. « Même si, d’une femme à l’autre, les seins varient énormément quant à leur taille, leur coloration, leur densité, leur position sur le torse, ils sont dans leur immense majorité tout à fait aptes à nourrir un bébé », précise l’association La Leche League sur son site Internet.
2. Renoncer à l’allaitement durant les six premiers mois peut mettre la vie de votre bébé en danger
« L’allaitement maternel est l’un des moyens les plus efficaces de préserver la santé et d’assurer la survie de l’enfant », souligne l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS. Elle recommande notamment un allaitement au sein exclusif durant les six premiers mois, puis de continuer à donner le sein au bébé jusqu’à l’âge de 2 ans au moins, en diversifiant son alimentation.
Toutefois, ces conseils sont basés sur l’apport nutritif et riche en anti-corps du lait maternel. Ainsi, le conseil d’allaiter exclusivement au sein pendant les six premiers mois pour assurer la survie du bébé s’adresse surtout aux pays en voie de développement dans lesquels l’accès à l’eau potable n’est pas garanti.
3. Continuer à allaiter au-delà de deux ans est une mauvaise idée
En fonction des pays, donner le sein après l’âge de deux ans est plus ou moins bien perçu. Ainsi, lorsqu’en 2012, le Time a utilisé une photographie de couverture montrant une femme allaitant son enfant âgé de 3 ans, il a déclenché des réactions indignées de nombreux lecteurs et lectrices. Si cette idée peut déranger certains et certaines, il n’existe pourtant aucune contre-indication à donner le sein à un enfant de cet âge.
« Le processus naturel de sevrage chez l’enfant est situé entre l’âge de 3 et 6 ans, mais culturellement, c’est difficilement accepté, du moins en France. Dans les pays scandinaves, cette pratique est bien perçue, car c’est la norme. », explique Patricia Coutable, consultante en lactation.
4. L’allaitement n’est qu’une question de volonté
Choisir de ne pas donner le sein à leur enfant est parfaitement assumé par certaines femmes. A l’inverse, d’autres vivent la situation plus difficilement, face à l’injonction très forte de devoir donner le sein, notamment en France, pays régulièrement qualifié de « mauvais élève de l’Europe » en matière d’allaitement. Stress et mal-être peuvent survenir notamment suite aux difficultés rencontrées lors des premières tétées (défaut de succion, etc.) et dissuader la mère de poursuivre l’allaitement.
« Je pense que le problème majeur est que, trop souvent, on demande à la mère si elle souhaite allaiter, sans lui apporter l’information nécessaire pour qu’elle puisse faire un choix éclairé. Si on prend l’exemple de la douleur, répondre à une mère qui allaite pour la première fois que c’est ‘normal’ d’avoir mal ne l’aidera en aucun cas ! Si la femme ne reçoit pas le soutien et l’accompagnement dont elle a besoin pour allaiter sereinement, rien d’étonnant à ce qu’elle finisse par renoncer », indique Patricia Coutable.
5. Allaiter vous empêche de tomber enceinte
Après un accouchement, il faut du temps pour que le cycle menstruel se remette en route. Il est vrai que ce processus peut être ralenti chez certaines femmes qui allaitent. Cela s’explique par la stimulation de la prolactine, qui est l’une des hormones sécrétées durant l’allaitement. Elle a pour fonction de stopper l’ovulation.
Ainsi, vous risquez moins de tomber enceinte à cette période, sous certaines conditions très précises : les tétées doivent être très fréquentes, c’est-à-dire au moins 6 par 24 heures, et ne pas dépasser des espaces de six heures.
« Ce n’est pas l’allaitement qui protège, mais la régularité. Si les tétées sont très espacées, la production de prolactine n’est plus la même. Bien sûr, le risque zéro n’existe pas. La pilule contraceptive n’est pas forcément idéale non plus car elle peut, chez certaines femmes, entraîner une baisse de lait. Sans compter que certaines ne souhaitent pas forcément reprendre des hormones. Dans ce contexte, la meilleure solution reste sans doute le préservatif », considère Patricia Coutable.