Depuis le 2 avril 2019, certaines perruques destinées aux femmes atteintes de cancer sont mieux ou totalement remboursées par l’Assurance maladie. Un grand pas salué par les associations qui s’attristent cependant que des prothèses capillaires haut de gamme soient déremboursées.
Tous les ans, ce sont environ 50.000 personnes qui ont recourt à des prothèses capillaires. Dans neuf cas sur dix, ces personnes sont des femmes. Pourtant, les perruques affichent des prix prohibitifs, bien supérieurs au forfait de 125 euros qui était jusqu’au début de l’année 2019 pris en charge par l’Assurance maladie.
Cependant, porter une perruque pour surmonter une chimiothérapie n’est ni un « luxe » ni une « coquetterie ». Un fait confirmé par Vanessa Bonheur à l’AFP. « Mes cheveux, c’était une partie de mon identité », explique-t-elle. Si elle a adopté la perruque, c’était « pour être en accord avec le reflet dans le miroir » et aussi par « peur du regard des autres ».
Trouver une perruque adaptée s’avère parfois être une mission très compliquée… Vanessa, créole, précise que sa recherche d’un modèle de perruque adéquat à ses cheveux d’origine et à son tour de tête, trop petit, a été un « calvaire ».
En prime, le montant de sa facture s’est avéré salé : 644 euros, dont 375 euros pris en charge par sa mutuelle, auxquels se sont ajoutés les 125 euros de l’Assurance maladie.
Désormais, les perruques en fibres synthétiques dites de classe 1 sont remboursées à hauteur de 350 euros, montant maximum pour ce type d’articles. Les prothèses de classe 2 avec au moins 30 % de cheveux naturels le sont à hauteur de 250 euros pour des tarifs plafonnés à 700 euros.
« Le cancer, c’est une série de pertes de la féminité dont celle des cheveux est la plus visible. Essayer de garder le visage qu’on avait avant, cela vous tire vers le haut », explique Céline Lis-Raoux, la directrice de l’association RoseUp, qui s’est battue pour obtenir ces avancées.
Cancer : des inégalités encore existantes
Toutefois, certaines inégalités demeurent. Par exemple, plus aucun remboursement n’est prévu pour les prothèses qui dépassent les 700 euros. Ce sont ainsi les perruques en cheveux naturels qui sont visées, car leurs prix varient de 800 à 2.000 euros. Une « erreur » clame Céline Lis-Raoux.
La Ligue contre le cancer s’indigne contre cette mesure qui est selon elle, une « nouvelle inégalité face à la maladie ».
Emmanuel Jammes, le responsable du pôle plaidoyer de la Ligue contre le cancer, s’inquiète du fait que « les mutuelles ne vont plus intervenir », ce qui desservira « les adolescentes, très sensibles à leur image », qui souhaitent souvent conserver « des cheveux longs ». Ce qui s’avère incompatible avec les modèles synthétiques.
Il ajoute que la prothèse devient de ce fait « un produit de luxe alors qu’elle correspond à un véritable besoin ». En effet, « cela laisse penser que les femmes qui font des demandes supérieures à la norme ont des moyens », déclare-t-il.
A l’inverse, le ministère de la Santé encense un encadrement des prix bénéfiques aux patientes, qui correspond selon lui à « la très grande majorité (plus de 95 %) des perruques prises en charge » pour les cancers féminins.
Un sentiment loin d’être partagé par les associations et les malades.