Dr Laurence PLUMEY. Médecin Nutritionniste. Fondatrice d’EPM NUTRITION, Ecole de NAPSO THERAPIE (www.napso-therapie.org)
Les femmes sont plus souvent sujettes à l’hypothyroïdie que les hommes sans que l’on sache vraiment pourquoi, ce d’autant que cela peut aussi bien concerner la femme jeune que la femme plus âgée. Cette petite glande, qui loge à la base de notre cou, a pour vocation de fabriquer des hormones thyroïdiennes aux multiples rôles dans notre corps. Il est donc important de ne pas en manquer et de rapidement traiter tout dysfonctionnement thyroïdien.
L’iode : un composant essentiel de la thyroïde
Une thyroïde qui fonctionne normalement contient environ 10g d’iode. Cet iode vient de notre alimentation (150 à 200 µg/jour) mais aussi de l’utilisation de ses réserves dans le corps. Tout cet iode est transformé en iodure quand il rentre dans la glande thyroïde. Puis, il se fixe sur une protéine, dite thyroglobuline, en quantités plus ou moins importantes. C’est ainsi que nous avons deux types d’hormones thyroïdiennes produites au sein de la glande thyroïde : la T3 (avec 3 iodures) et la T4 (avec 4 iodures). L’hormone la plus active est la T3.
Une très fine régulation.
Le corps est tellement sensible aux moindres variations des taux sanguins d’hormones thyroïdiennes dans le sang, qu’il s’en protège grâce à une régulation très fine orchestrée par l’hypophyse (glande située dans le cerveau). En effet, dès la moindre faiblesse de la glande thyroïde, l’hypophyse envoie un messager, la TSH, pour activer la thyroïde. A contrario, dès que la thyroïde est trop active, la TSH baisse. Raison pour laquelle on dose toujours la TSH quand on fait un bilan thyroïdien.
Des rôles stratégiques sur bon nombre d’organes
Les hormones thyroïdiennes agissent sur tous les organes et ce dès le début de la vie, chez le fœtus durant la grossesse. Elles contribuent en effet au développement et aux connexions neuronales du cerveau et du système nerveux périphérique. C’est pourquoi, un déficit d’hormones thyroïdiennes durant la grossesse peut compromettre le bon développement moteur et mental de l’enfant à naître. Ensuite, tout au long de la vie, elles régulent la production d’énergie dans les cellules, mais aussi la santé osseuse, le transit, le fonctionnement musculaire (dont le cœur). Ainsi, dès que la thyroïde est malade, la fonction des organes s’en ressent très vite. Quand la glande ne fonctionne pas suffisamment, les organes vivent au ralenti. Quand elle est trop active, le corps est en surchauffe !
En hypothyroïdie, la vie est au ralenti
Quand la thyroïde ne fonctionne pas bien, cela se traduit par une grande fatigue associée à une prise de poids, une tendance à la constipation, une sensation de frilosité excessive et des cheveux plus fins et plus cassants. Parfois, on peut noter l’apparition d’un goitre. Les taux sanguins de la T3 et de la T4 sont trop bas et la TSH est augmentée (pour essayer de stimuler la glande). L’échographie peut retrouver des nodules ou un goitre diffus. Ses causes sont multiples : parfois ce sont des auto-anticorps qui agressent la glande (Thyroïdite de Hashimoto – qui se voit surtout chez la femme jeune) – souvent elle est la conséquence d’une glande qui vieillit (après l’âge de 60 ans) ou d’un apport insuffisant d’iode. Ceci est courant chez les personnes qui mangent très rarement du poisson et des fruits de mer, ainsi que des œufs et des produits laitiers. Dans ce cas, il suffit d’en augmenter la consommation mais, le plus souvent, la supplémentation par hormones thyroïdiennes est nécessaire.
En hyperthyroïdie, c’est la surchauffe
En hyperactivité thyroïdienne, la personne se sent nerveuse, agitée, stressée. Il y a souvent des troubles du sommeil, une perte de poids, un transit digestif accéléré et parfois une exophtalmie (yeux exorbités). Les taux sanguins de T3 et T4 sont très élevés et la TSH est effondrée (pour tenter de calmer la situation). L’échographie peut retrouver des nodules. La cause la plus fréquente est la maladie de Basedow, relevant d’un dysfonctionnement immunitaire que le traitement vise alors à corriger. Quant à l’iode contenu dans les aliments, il faut en assurer un apport normal, ni plus, ni moins.
Les apports d’iode à tous les âges de la vie …
Chez le nourrisson, le besoin en iode est de 80µg/j. Il est le double chez l’adulte, soit 150µg/j. On note que, malheureusement, 40% des adultes ont des apports insuffisants en iode car ils ne consomment pas suffisamment de poissons et fruits de mer (entre autres). En effet, nos principales sources d’iode sont les poissons d’eau de mer (surtout la cabillaud et l’églefin qui en contiennent 2 fois plus que la plupart des autres poissons), les fruits de mer (surtout les crevettes, les huitres et les moules), mais aussi les œufs, les produits laitiers et le sel iodé. En somme, il suffit de manger varié !
Pour un apport d’iode suffisant …
Il est recommandé de manger chaque jour 3 produits laitiers (50 à 70µg d’iode), de saler avec un sel iodé (2 pincées de sel par jour apportent 40µg d’iode), de manger du poisson et des fruits de mer 2 à 3 fois par semaine (total de 300µg d’iode sur une semaine soit environ 40 à 50µg d’iode par jour) et au moins 4 œufs par semaine (10µg d’iode par jour). Le compte est alors bon !